Stacey Kent, polyglotte à la voix exacte et tempérée invite le chapiteau à rejoindre son cocon protecteur. Tout n’y est que fraîcheur, volupté, zenitude. Tâche difficile : comment créer l’écrin idéal autour de ces joliesses qui n’en sont pas tout à fait ? C’est le défi habilement relevé par son trio : Jim Tomlinson (saxophones, flûtes) Art Hirahara (piano). Rien de déraisonnable chez elle : tout est dans la nuance, la justesse de ton, la lisibilité dans l’interprétation des paroles et -traits qui la caractérisent le mieux une fraîcheur permanente, une forme de candeur naturelle dont jamais elle ne se départ. Mais il y a plus, Stacey Kent professe régulièrement son amour pour la France, sa culture et ses chansons qu’elle interprète avec passion. Elle affectionne également les standards, les mélodies pétillantes de Broadway, mais aussi la bossa-nova, notamment les compositions d’Antonio Carlos Jobim. Les musiciens qui l’accompagnent rythment délicatement son chant, improvisant au plus près de ces mélodies qu’elle choisit avec un goût parachevé. Au fil du concert, Kent cultive sa voix d’éternelle jeune femme, d’une limpidité rare. Fidèle à son éclectisme qui fait la part belle aux mélodies intemporelles, avec, çà-et-là, tels de délicieux accidents venant tonifier le zéphyr climatisé qu’elle nous souffle, quelques savoureuses espiègleries...
- Stacey Kent (voix) Jim Tomlinson (saxophones, flûtes) Art Hirahara (piano)
- staceykent.com
S’il est une artiste qui suit ses instincts aussi pleinement qu’elle réfléchit consciencieusement à tout ce qu’elle entreprend, c’est bien elle : totalement investie dans sa musique, débordant largement le cadre des obédiences jazz, toutes antennes dehors et sensible à son environnement personnel autant qu’aux cadres sociaux qui l’entourent, Meshell Ndegeocello est ce qu’on pourrait appeler une « tête trouveuse », par opposition à la vanité de certaines quêtes débouchant sur une impasse. Tout est chez elle denrée de première nécessité : sa basse, sa voix, les riffs, les motifs répétitifs, l’électronique, l’ordinateur, le blues, le jazz, la soul, le rap, le hiphop, la folk, l’Afrique ancestrale, les droits civiques et la place de la femme noire dans la société américaine. De cette longue liste d’ingrédients qui relèvent autant de la forme que du fond, elle est parvenue à créer son univers musical, servi par un « truc en plus » qui surprend, déroute et finit presque toujours par séduire. En secouant avec finesse le cocotier des musiques actuelles où son talent de productrice l’aide à accoucher d’expériences sonores inédites, Meshell Ndegeocello réaffirme que la musique est une aire de liberté totale, sans tabous, sans limites stylistiques mais qui doit savoir parler au coeur et au corps du profane. En résolvant de façon inattendue les questions qu’elle pose, elle devient la «déesse ex machina» des temps modernes.
- Meshell Ndegeocello (basse, claviers, chant) Jebin Bruni (claviers, chant) Chris Bruce (guitare) Kyle Miles (basse) Abraham Rounds (batterie, chant) Justin Hicks (chant)
- meshell.com