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of Jazz in Marciac
Marciac 2016
En statufiant le trompettiste Wynton Marsalisau centre du village, Marciac pérennisait du même coup les cinq piliers sur lesquels repose son festival depuis plusieurs décennies : l’excellence musicale, la fidélité aux artistes, l’esprit de rencontre, l’engagement associatif et la transmission du savoir. Pour l’excellence musicale, le débat n’a pas lieu puisqu’au vu des musiciennes et musiciens qui se sont succédé sous le chapiteau, en dehors de celui-ci, ou à L’Astrada, c’est bien un florilège de talents incontestables qui y est programmé chaque année. S’agissant de la fidélité aux artistes, cette notion fait presque partie de l’état d’esprit gersois ; surtout, elle a inscrit Marciac dans l’inconscient des musiciens et, plus prosaïquement, dans leurs habitudes d’itinéraire estival : l’étape à Marciac est un élément constitutif de leur existence professionnelle. Et peu importe qu’Ahmad Jamal, Dianne Reeves, Roberto Fonseca ou... Wynton Marsalis aient leur rond de serviette à la cantine du coin, coutume qui insinuerait une familiarité excessive avec le festival, à l’encontre d’une approche novatrice de la programmation. C’est justement ce désir de « revenez-y » qui forge la raison d’être d’un tel évènement. Le public ne s’y trompe pas. L’esprit de rencontre ? Ce principe fondamental du jazz qui lui permit naguère de construire son vocabulaire, sa syntaxe, tout comme il était la meilleure garantie contre les idées trop installées, Marciac le vit au quotidien et les pages qui suivent en sont une illustration édifiante : le jazz est une aventure avant tout collective, la seule boussole qui vaille. C’est en se perdant avec les autres que l’on pousse sa corne d’artiste. L’engagement associatif en est d’ailleurs l’un des prolongements, culminant avec l’idée de bénévolat. Au-delà d’une vision purement comptable des grands équilibres, il faut redire à quel point cet acte volontaire est d’abord un acte d’adhésion à Jazz in Marciac, une preuve d’amour envers les artistes. Cette immersion dans un éphémère trépidant, intense, direct, où l’homme est au centre de son grand échafaudage logistique a déjà transformé, dans le Gers et au-delà, des milliers d’individus. Et presqu’autant de vocations ! La transmission du savoir, enfin. Elle fut symbolisée cette année encore par la présentation d’une nouvelle génération de musiciens par le même Wynton Marsalis, la prise sous son aile d’élèves actuels ou anciens des ateliers musicaux du collège de Marciac par un Ibrahim Maalouf prophétisant en chantre de l’improvisation. Et je ne parle pas des stages instrumentaux ou vocaux qui y creusent leur sillon pédagogique. Cette idée partageuse est aujourd’hui admise comme un facilitateur : loin des clichés selon lesquels le jazz est une musique de l’inné pour quelques élus car le doigt de dieu se serait posé sur leur front, c’est au contraire l’affirmation qu’il est une culture. Il s’apprend, se nourrit et se transmet. Une culture qui a trouvé à Marciac sa nature profonde.
© Arkade, Marciac.