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Jazz in Marciac 2022

Retour sur la 44e édition

Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui.

Sacha Guitry nous en voudra-t-il d’appliquer sa belle et juste remarque à notre festival ?
La 44è édition de Jazz in Marciac est terminée mais elle enchante encore nos oreilles et notre cœur. Il faut dire que la fête était belle. Après la douloureuse page des deux dernières années, elle nous a permis de nous retrouver dans des conditions propices au partage. Merci pour votre présence nombreuse et chaleureuse, votre fidélité sans faille. Merci également pour votre curiosité.
La programmation de cet été s’est montrée en effet plus riche que jamais, proposant des concerts de haute qualité dans des registres très différents. Wynton Marsalis, Herbie Hancock, Diana Krall et autres Marcus Miller étaient là et bien là, par bonheur, mais votre enthousiasme à accueillir des artistes tels que Niles Rodgers & Chic, Jeff Beck ou encore Asaf Avidan prouve que nous ne nous sommes pas trompés : quand on aime le jazz, difficile de ne pas apprécier l’ouverture, l’aventure, les trésors du métissage.
Cette soif de découverte nous a permis de retrouver une fréquentation très proche de celle de 2019, si l'on considère le nombre de soirées, malgré un contexte particulier : la canicule qui aurait pu décourager les bonnes volontés et le Covid toujours présent qui modifie sensiblement les usages dans le domaine de la culture, où l' offre est par ailleurs pléthorique. Songez qu’on dénombre en France près de 10000 festivals…
Tout cela n’a pas empêché le nôtre de séduire et de se démarquer. Une étude récente menée par Emmanuel Négrier et Aurélien Djakouane sous l’égide du ministère de la Culture a ainsi identifié Jazz in Marciac comme l’un des douze festivals dits « Emblèmes » de France. Un statut qui nous honore et que nous partageons seulement, dans le Sud, avec les Rencontres d’Arles et le Festival d’Avignon.
Dévoilons notre secret : fier de son ancrage rural, Jazz in Marciac propose bien davantage que de l’excellente musique. Sous le chapiteau, dans la salle de L’Astrada, sur les places et dans les rues de notre petite cité, il offre au coeur de l’été un moment privilégié où les différences d’origines, de sexes, de conditions sociales ou d’opinions ne sauraient empêcher de rêver et de vibrer ensemble.
Cet état d’esprit se retrouve aussi sur la scène. Quand, le jour de son concert, Gregory Porter n’a pu rejoindre Marciac pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous avons tout de même assisté à un spectacle exceptionnel signé par les quatre pianistes de sa première partie. Ce « PianoForte » offert par le festival a démontré une parfaite entente entre Baptiste Trotignon, Eric Legnini, Bojan Z et Pierre de Bethmann. Loin de vouloir tirer la couverture à soi, chacun d’eux n’a eu de cesse de vouloir faire briller ses complices tout en donnant le meilleur de son talent.
Humilité et solidarité au service de l’excellence : ce sont là les valeurs de Marciac, dont nos bénévoles en particulier portent haut les couleurs. Issus de multiples horizons, détachés de toute hiérarchie, ils nous prouvent chaque année, eux aussi, que la force naît de la diversité. Notre ministre de la Culture ne s’y est pas trompée. En visite le samedi 30 juillet pour saluer le projet de Jazz in Marciac et toutes les initiatives qu’il a enfantées, des classes de jazz au collège Aretha Franklin et à L’Astrada en passant par les stages de formation musicale, Madame Rima Abdul Malak a tenu à souligner l’importance du bénévolat. Merci à elle d’être venue à nous, et merci d’avoir formulé ce qui nous tient à coeur depuis toujours. « C’est plus qu’un festival, Marciac, a-t-elle pu constater au gré de sa déambulation. C’est une expérience totale ! » Nous ne saurions mieux dire. Pour saisir l’intensité de ce bouillonnement, la place centrale de notre bastide offre un site de choix. Libéré des contraintes de l’édition précédente, le Festival Bis y a pris sa revanche en offrant à un public aussi impliqué qu’important des concerts d’une qualité indéniable. Seul bémol sur la partition : témoin des difficultés économiques liées à la pandémie, le nombre de stands pourtant essentiels à l’animation était moins important que d’habitude. Une situation regrettable qu'il s'agira d'améliorer.
Les dernières notes du dernier concert n’ont pas fini de résonner que l’on travaille déjà à l’édition suivante. Chacune d’entre elles représente un nouveau défi mais celle de 2023 nous tient tout particulièrement à coeur car elle nous permettra de fêter notre 45è anniversaire. Noces de vermeil, c’est-à-dire d’un alliage d’argent et d’or, avec notre public… C’est dire si ces moments seront précieux.
Nous avons hâte de les partager avec vous, de souffler ensemble ces 45 bougies comme on souffle dans une trompette ou un saxophone… Le temps passe souvent trop vite mais vivement le prochain été !

Jean-Louis Guilhaumon
Président

© Francis Vernhet

© Francis Vernhet