Son accordéon peut tout désormais, maintenant qu‘il l‘a transformé en orchestre symphonique. Et l‘on eut droit à tout : les facettes du tango argentin dans le sillage de son maître Astor Piazzolla, Bach, Michel Legrand, quelques standards de jazz bien choisi, bref une oeuvre d‘émancipation à travers l‘art du savoir improviser. Comme en témoigne ce soufflet qui se tend, se tord et se détend au gré des caprices de son inspiration. En recréant un trio consacré à ce totem de la musique argentine, Richard Galliano procède comme certains peintres remettant en jeu leur travail passé sur le même thème. Le format trio, c’est aussi le retour de l’artiste à des sensations plus proches du jazz-jazz, d'un swing poétisé tel qu’il avait fleuri naguère dans son formidable duo avec Ron Carter, mais il y a aussi comme une pulsation urgente, une circulation rapide des idées, une vigilance réactive auxquelles l’accordéoniste sait s’adonner avec un plaisir manifeste. Nul doute que sa nature de musicien transfrontalier donnera ici du grain à moudre à des partenaires qui sont au sommet de la hiérarchie dès lors qu’il s’agit de « tenir la maison » et de proposer des pistes. Finesse, intensité, lyrisme ; un triptyque que seuls quelques élus totalement investis dans leur métier peuvent revendiquer à parts égales…
- Richard Galliano (accordéon, mellowtone) Adrien Moignard (guitare) Diego Imbert (contrebasse)
- richardgalliano.com
Hommage à Claude Nougaro, l’inoubliable jazzman de coeur. Fred Pallem & son orchestre, Souad Massi, Marion Rampal, Gabi Hartmann, Siân Pottok, Sanseverino, Jowee Omicil, André Minvielle, Jacques Gamblin et Ray Lema... ils se lèvent tous pour Nougaro ! C'est dire si l'héritage de notre toulousain national continue de laisser des traces durables auprès des nouvelles générations, tout comme il a impressionné les générations précédentes. Claude Nougaro aimait la vie jusqu'à l'excès et cet appétit trouvait son tempo intime dans l'écriture de paroles dont le caractère joueur, truculent parfois, portait une poésie puissante, incarnée par une scansion rythmée par l'expression chantante de son accent. À quoi il faut ajouter le caractère savoureux de sa diction, un art consommé du jeu de mots où de "l'à peu-près" comme figure de style. Dieu sait si chacune de ses chansons, même la plus sensible, était mue par un swing subtil et emportait une sorte de conviction apte à raffermir les coeurs bohèmes. Les musiques de Nougaro ont toujours été marquées par le choix de grands mélodistes (de Michel Legrand à Richard Galliano en passant par quelques jazzmen-compositeurs) ou des adaptations de compositions brésiliennes. Tous voyaient ainsi leurs notes ourlées de paroles choisies avec un art gourmand. Ce projet né d'une collaboration entre quatre festivals de jazz (dont Jazz in Marciac) et soutenu par sa famille fut l'occasion de fêter ce troubadour râblé, poète viril de la variété française noble, avec des invités d'horizons très divers, artistes qui, humblement mais fièrement, pousseront leur corne sur celle, pérenne, du petit taureau du midi. Ils sont servis par une grande formation de musiciens aux états de service irréprochables. Et, contrepied inattendu, c'est bien Nougaro qui danse sur eux…