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1997
Soirée blues de haute tenue à Marciac, qui fait serment d'allégeance à B.B. King, dernier roi incontesté de sa spécialité depuis la disparition des dissidents Albert et Freddie (King). Au vu des conditions climatiques régnant depuis deux jours sur le Gers, on s'attendait logiquement à ce que B(lues) B(oy) attaque par "Stormy Monday". Perdu. Porté par les deux batteries (quasiment à l'unisson) d'Anthony Coleman et de Calep Emphrey Jr et la basse boogie de «Mighty Mike» Michael Doster, le King s'est fendu d'un "Let the Good Times Roll", cédant rapidement la parole à Lucille Gibson, laquelle n'a pas son pareil pour faire dresser l'épiderme du spectateur averti. Chouchouté par ses sujets, le Roi sait aussi se faire humble quand il s'adresse à l'assemblée: «Merci d'être venus aussi nombreux ce soir», annoncera-t-il notamment, entre deux thèmes instrumentaux pris sur tempo Indy Car. Formule de politesse banale, qui se transformera bientôt en véritable émotion lorsque Riley Ben King, ovationné comme rarement quelqu'un l'a été ici, avouera ses 71 ans dont cinquante entièrement dévoués à la cause du blues (il l'expliquera d'ailleurs en musique, dans "Why I Sing the Blues"), ajoutant: «J'aime beaucoup venir dans votre pays, car vous m'y traitez comme la deuxième partie de mon nom.» Une chose est certaine, en tout cas, B.B. King, contraint de s'asseoir pendant une partie du set, semble fatigué. Et puis, brusquement, il renaît. Jaillissant de son siège pour "The Thrill Is Gone", l'un de ses plus grands succès. L'heure de la mansuétude royale est venue. Juste retour des choses, B.B. King peut quitter le chapiteau satisfait: Marciac à son tour s'avoue colonisé.
B.B. King guitare
Stanley Abernathy trompette
James Bolden trompette
Walter King saxophone
Melvin Jackson saxophone
Leon Warren guitare
James Toney claviers
Michael Doster basse
Anthony Coleman batterie
Calep Emphrey Jr. batterie