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Originaires de Chicago, les Brown Sisters mènent depuis plus de vingt ans une carrière professionnelle qui les a conduites plusieurs fois de ce côté-ci de l’Atlantique. Prises en charge par le producteur suisse Willy Leiser, elles ont notamment chanté dans les plus grands festivals, de Montreux à Paris, de Vienne à Marciac. Le groupe est constitué de voix superbes et propose désormais une musique mélodieuse propre à toucher un large public.

Survitaminées, les Brown Sisters ne laissent aucun répit à l’auditeur. Aussi bonnes solistes que choristes, les sœurs clament leur foi pendant plus d’une heure trente sur des rythmes qui empruntent au gospel call and response, au R&B contemporain, à la ballade et même à la musique latine en passant par les traditionnels chants de Noël. Malgré le caractère racoleur de certains titres, la musique présentée ce soir témoigne de la vitalité de la scène gospel de Chicago. Avec les années, les voix des sœurs Brown ont gagné en profondeur sans perdre en expressivité. Soulignons aussi la présence de Chawanya Hayes qui participe à l’interprétation spirituelle inattendue de Precious Lord. Riche et varié, le répertoire atteint l’essentiel puisqu’il reste toujours au service des chanteuses. Cependant, c’est de leurs côtés que le bât blesse un peu : Chawanya Hayes est convaincante mais pas exceptionnelle et Vanessa Brown a perdu beaucoup de sa flamme d’antan. Souvent reléguée aux chœurs, sa voix ample aux accents profonds a vieilli et faibli. Se recentrant principalement sur son rôle de prédicateur glamour, Vanessa Brown laisse le plus souvent le chant aux solistes de sa chorale.

Même si on a plaisir à retrouver leurs harmonies vocales et leur pratique experte de la ballade, il faut bien dire que le choix de se tourner vers un gospel contemporain plus commercial donne l’impression d’exécution de chansons interchangeables ou pas grand-chose ne se passe. L’introduction d’Amazing Grace, malheureusement trop courte, laisse entrevoir les ravages qu’aurait pu faire cette formation dans une veine plus classique. The Brown Sisters proposent des gospel songs qui visent avant tout à louer le Seigneur mais elles manquent souvent d’une visée purement artistique. Si les chants sacrés n’ont pas perdu de leur intensité, ils ont aussi la fâcheuse tendance à traîner en longueur (Lean On Me – Oh Happy Day – Amen…). Vanessa Brown, en leader, n’a aucun mal à conduire sur près de deux heures un show bien rodé. Pourtant, l’attention de l’auditeur se relâche souvent au fil de morceaux assez uniformes. Heureusement, le tempo marque parfois le pas et on touche alors au superbe. Tel est le cas sur le titre final, un testimony poignant dans lequel elles décrivent les souffrances puis la guérison miraculeuse de leur mère. The Brown Sisters délivrent alors quelques belles envolées vocales, de celles qui ont fait leur réputation. C’est bien entendu dans ce contexte qu’on les préfère.

Chansons d'’amour, de paix et d’actions de grâce se succèdent. Si le tout est bien chanté, dans un style plutôt moderne, l’ensemble manque d’originalité et peine à maintenir l’attention au-delà de quelques titres. Néanmoins les Brown Sisters sont toujours impressionnantes sur les gospels échevelés et dans l’art de faire monter la pression. Bien soutenues par le piano et les claquements de mains, elles sont mêmes capables d’atteindre des sommets.

Frédéric Gendre
Photo © Michel Laborde