Archives
1995
Originaire de St. Louis (comme Miles Davis), ce pédagogue né aura été une sorte de Coleman Hawkins de la trompette. Un passeur entre le classicisme forgé dans le blues et le swing des années 40 et les audaces formelles des années 60 et au-delà. Il fit ses premières armes chez Count Basie (1948-51), qui lui apprit que les notes qu’on ne joue pas sont aussi importantes que celles que l’on joue … Il enchainera par un long séjour ellingtonien (1951-59) qui lui offrit un cadre soyeux pour une créativité et des innovations qui ne disaient pas leur nom. Clark Terry osera beaucoup ensuite, avec une élégance délicieusement mutine : demander à Thelonious Monk de l’accompagner, surfer sur le trio d’Oscar Peterson, chantonner en marmonnant (mumbling) le blues en filigrane, sillonner l’Europe avec Quincy Jones, s’adonner à l’art de la fugue avec Gerry Mulligan ou Bob Brookmeyer, donner la réplique à Ella Fitzgerald ou enregistrer un duo avec la contrebasse de Red Mitchell, multiplier les trumpet summit avec les jeunes loups qu’il couvait du regard… Témoin de la brutalité de l’Amérique raciste lors de ses tournées avec Basie, il sera le premier musicien Noir à apparaitre chaque soir pendant douze ans à la télévision dans l’orchestre du Tonight Show de Johnny Carson sur NBC. Et au rayon comptable, pour bien mesurer l’emprise de Clark Terry sur un siècle de jazz toutes générations confondues, il faut savoir que si Dizzy Gillespie apparaît dans 501 sessions d’enregistrement et Louis Armstrong dans 629, Clark Terry, lui aura porté ce nombre à 905.
Clark Terry trompette
Dado Moroni piano
Pierre Boussaguet contrebasse
Alvin Queen batterie