Archives

Surnommé "The Sound" en raison de sa sonorité feutrée, de son phrasé dépourvu d'aspérités, de la nonchalance aérienne de son jeu, Stan Getz apparaît comme l'archétype des ténors qui, dans la mouvance de Lester Young, devaient porter à son apogée l'esthétique "Cool". Révélé au cours des années 40 dans les grands orchestres de Phil Harris, Stan Kenton, Jimmy Dorsey, Benny Goodman, il atteint la célébrité au sein du Second Herd de Woody Herman après avoir constitué, en compagnie de trois autres ténors, le fameux groupe des Four Brothers. Son enregistrement, en 1948, de Early Automn, devenu un classique, est considéré comme le manifeste du mouvement coolcaractérisé par une retenue, une pudeur musicale aux antipodes de l'expressionisme du be-bop. Toutefois, loin de s'enfermer dans un style musical, Stan Getz multiplie les expériences. Dans les années 50, il enregistre avec Dizzy Gillespie, Lionel Hampton, Elle Fitzgerald, Gerry Mulligan et parcourt le monde avec ses propres groupes. Le prodigieux succès de l'album Jazz Samba, enregistré en 1962 avec le guitariste Charly Bird, inaugure la vogue de la Bossa Nova. Des thèmes tels que Desafinado, The Girl From Ipanema (enregistré avec Astrud & João Gilberto) associent désormais le nom de Stan Getz a une forme musicale qu'il a contribué à faire découvrir au monde entier. Et il est vrai que la douceur et l'élégance de son style se marient à la perfection avec les rythes venus du Brésil. Cependant, une fois encore, Getz va démontrer qu'il n'est pas fait pour le confort - ou la sclérose - d'un genre déterminé. Les formations dont il s'entoure à partir de 1965 et dans lesquelles figurent souvent de jeunes musiciens (Chick Corea, Steve Swallow, Chuck Loeb, Toony Williams, Terri Lyne Carrington) affirment, outre son incomparable aisance et ses qualités d'improvisateur, un goût du risque qui ne l'a jamais quitté. Si sa dilection pour une musique raffinée transparaît notamment à travers le choix de ses pianistes (Lou Levy et Kenny Barron sont les derniers en date), il est aussi capable de retrouver la véhémence des boppers. Son dernier album "Apasionado", plébiscité tant par le public que par la critique, prouve à l'évidence que, quel que soit le contexte dans lequel il évolue, Stan Getz demeure un musicien constamment inspiré. Un virtuose dont la venue à Jazz in Marciac constitue un événement de première grandeur.

Stan Getz saxophone
Kenny Barron piano
Eddie del Barrio claviers
Frank Zottoli claviers
Alex Blake contrebasse
Terry Lyne Carrington batterie