2025
21 Juillet > 7 Août

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2008

Salle des Fêtes
THE VICTORY GOSPEL SINGERS
THE VICTORY GOSPEL SINGERS
Session d'automne

C’est devenu une tradition, à l’approche de Noël, Marciac accueille un concert de gospel. Cette année, c’est l’excellent groupe « The Victory Gospel Singers » qui fera vibrer le public des concerts d’hiver. Quatre femmes (Lisa Camille Jackson, Vickie Johnson, Jeannie Lightfoot, Jeanette Robinson-Jones) et deux hommes (Eric Townsend et Bryant Jones) viennent pour la première fois à Marciac montrer leur grande faculté d’improvisation, assez rare dans ce domaine. Alors, « The Victory Gospel Singers », la nouvelle sensation gospel ? Peut-être, en tout cas, la formation chante ses vérités avec une flamme, une authenticité, une profondeur qui témoignent bien de la vie intense qui règne toujours au sein de la musique sacrée noireaméricaine.

La formation « The Victory Gospel Singers » a été fondée en 2005 par Bryant Jones. Le jeune homme, issu d’une famille très religieuse est un pianiste, chanteur, compositeur et arrangeur de renom dont le talent a déjà été apprécié par Thomas Dorsey, les Révérends Jesse Jackson, Milton Brunson et Clay Evans, The Soul Stirres et bien d’autres. Les « Victory Gospel Singers » sont profondément attachés au gospel traditionnel auquel ils empruntent l'essentiel de leur répertoire : « Nobody Knows », « Sit Down Servant », « This Is The Day », « Everything Is Gonna Be Alright »… Cependant, tout cela est écrit et chanté dans un esprit refusant toute reconstitution d’un passé révolu. Les apports, plus modernes au niveau des arrangements et de l'interprétation, donnent un grand coup de fraîcheur au monde du gospel. Capables de restituer avec une belle cohésion la richesse harmonique des partitions, les six chanteurs du groupe sont aussi de talentueux solistes passés maîtres dans l’art de faire monter la tension. S’il est difficile d’extraire du lot un titre en particulier, on apprécie la fougue de Jeannie Lightfoot sur « Jesus Can Work It Out ». Ses fulgurances sont ponctuées par les « Work It Out » et les « Yes He Will » d’un public transformé pour l’occasion en une gigantesque chorale digne des plus grandes paroisses de Chicago.

Peu de titres échappent à la règle du « call & response ». Les voix des leaders invoquent celles des chœurs pour louer le seigneur aussi bien dans les chants au tempo rapide, que dans les morceaux plus recueillis, où prédominent paix intérieure et majesté. D’ailleurs, ce qui nous frappe dans ce concert, c’est la joie de cette foi qui ne moralise pas. Le groupe est d’une présence constante, pleine de swing, d’énergie et d’enthousiasme où tout un chacun sait prendre à cœur son rôle de soliste intermittent avec toute sa personnalité et son originalité. Ainsi, on apprécie la sensibilité à fleur de peau de Jeanette Robinson dans « Happy With Jesus Alone » ; l’expressivité d’Eric Townsend dans un medley rassemblant « Take It A Trip », « Trouble In My Way » et « He’ll Fix » ; ainsi que le swing dévastateur distillé par Bryant Jones au piano dans « The Lord Is Blessing Me ». Le pianiste sait aussi donner de la voix, sachant tout à la fois et quand il le faut : séduire, émouvoir, dynamiser, inviter le public à danser, chanter et taper dans les mains. Les « Victory Gospel Singers » redonnent au gospel ses lettres de noblesse même dans les excès d’un final flamboyant avec les incontournables « When The Saints » et « Happy Day » qui mettent le feu à un public qui ne demande que ça !

L’ambiance générale est furieuse. Aucune baisse de qualité dans ce concert où les « Victory Gospel Singers » savent nous enthousiasmer par leur tempérament exubérant et leurs tempos enlevés avec fougue. Encore un exemple de l’excellent travail du producteur Willy Leiser qui a su nous faire découvrir ces nouvelles personnalités vocales très intéressantes. Les « Victory Gospel Singers » nous auront touchés par l’optimisme de leur message : aide ton prochain ! C’est une foi simple mais très concrète qui ne fait pas de mal à entendre dans le contexte difficile où nous vivons actuellement.

Frédéric Gendre
Photo © Pierre Vignaux