2025
21 Juillet > 7 Août

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2004

Salle des Fêtes
RUSSELL MALONE
RUSSELL MALONE & BENNY GREEN
Session d'hiver

L’association du piano et de la guitare n’est pas chose évidente ; pourtant, lors du concert du 21 février à Marciac, Benny Green et Russell Malone ont démontré l’efficacité d’un tel duo. Les arrangements proposés lors de cette soirée ne présentent aucun temps faible, on va de surprise en surprise, de plaisir en jubilation.

Dès les premières notes, le public est hypnotisé par un son merveilleusement équilibré entre le piano et la guitare. Le jeu clair, tout en souplesse de Russell Malone, son sens du swing et du blues, les idées dont il déborde en font le parfait allié de Benny Green dont le discours mélodique fait preuve d’une précision rythmique irréprochable. Malone apporte un plus évident sur chaque titre qu’il émaille de formidables solos. La virtuosité du guitariste est étincelante mais ne voile pas le talent de Benny Green, solide pianiste au swing puissant et sans fioriture dont l’inspiration se nourrit volontiers du blues. C’est d’ailleurs dans ce registre que les deux hommes réussissent leurs improvisations les plus intenses (Blue Bird de Charlie Parker, Reunion Blues de Milt Jackson). Les deux complices offrent de bons vieux standards tels que Caravan de Juan Tizol ou It’s Allright With Me de Cole Porter en passant par Ain't Misbehavin' de Fats Waller, le sommet du concert sans aucun doute. La présence imposante de la guitare se fait à nouveau sentir sur Jingles que Malone interprète avec brio en hommage à Wes Montgomery qui fut le Roi de cet instrument dans les années 60. Tout comme son maître, le guitariste utilise un son admirable de pureté qui met en valeur un lyrisme particulièrement chaleureux sur les titres lents.

Il n’est pas étonnant que la fusion entre les deux musiciens fonctionne parfaitement compte tenu de leurs parcours respectifs. L’un comme l’autre se sont construits une brillante carrière de soliste au fil de leurs multiples expériences. Benny Green a accompagné Betty Carter pendant quatre ans avant de rejoindre les Jazz Messengers d’Art Blakey, puis il a intégré le quintette de Freddie Hubard et joué aux côtés de Clark Terry. Si Russell Malone s’est fait connaître en tant qu’accompagnateur de Harry Connick Junior et de Diana Krall, il est également capable de jouer dans des registres variés : le Jazz funk auprès du célèbre organiste Jimmy Smith et le latin Jazz avec El crisol, la formation du trompettiste Roy Hargrove. Ainsi, la collaboration entre Malone et Green fait montre d’une véritable cohésion, leur complicité se manifeste par l’alternance de réponses complexes où ils laissent libre cours à leur virtuosité. Par instant, l’un où l’autre s’arrête de jouer comme pour mieux apprécier la performance du partenaire. Sur scène, on sent un véritable respect mutuel entre deux artistes qui savent aussi faire preuve de plus de légèreté lorsqu’ils nous proposent leur version de Sing, chanson rendue célèbre par The Carpenters.

La formule du duo piano-guitare exalte les qualités des deux protagonistes qui offrent à leur auditoire une soirée d’une extrême musicalité. Les interventions de Benny Green s'adressant avec humour au public laissent à penser que les musiciens ne savent pas à l'avance ce qu'ils vont interpréter, pourtant la mise en place de leur concert semble parfaitement maîtrisée. Ce qui est évident c'est que les deux artistes prennent beaucoup de plaisir à jouer : le pari est gagné!

Frédéric Gendre
Photo © Pierre Vignaux