Le Chapiteau
Sous le plus grand chapiteau de Jazz
« 14 litres d’encre de Chine, 30 pinceaux, 62 crayons à mine grasse, 1 crayon à mine dure, 27 gommes à effacer, 38 kilos de papier… » : les amateurs de bande dessinée se souviennent peut-être de la couverture de l’album Astérix et Cléopâtre qui alignait des chiffres ronflants pour parodier l’affiche du film de Mankiewicz sur la reine d’Égypte.
Eh bien on pourrait en faire autant pour évoquer le fameux chapiteau de Marciac qui se dresse chaque été sur le terrain de rugby. Une surface de 4250 m2, une structure de 45 tonnes, 1 260 places assises dans les gradins, 4463 chaises plus 20 places dédiées aux fauteuils pour handicapés, une jauge maximale de 10000 personnes qui a été atteinte lors de la 41e édition… Étonnant, non ?
Et d’autant plus que ce chapiteau est venu en famille. On retrouve le même chiffre de 10000 pour exprimer en m2 la surface de toutes les tentes montées pour le festival.
Vélum du festival Bis, bars des bénévoles, espaces de restauration, « coin des gamins » à l’école maternelle, chapiteau pour la Ligue de l’Enseignement ou pour France Inter… Cette liste des bâches tendues au-dessus de nos têtes est très loin d’être exhaustive.
Mais tout ça ne se monte pas tout seul. Côté JIM, le responsable Sécurité et Technique Jean-Charles Tachousin est aux manettes, accompagné de Michel Rancé, fidèle au festival depuis la première heure. Il leur incombe d’organiser le chantier où s’activeront 70 personnes, des électriciens au plombier en passant par les monteurs, dont les 25 « roads » chargés des tâches les plus difficiles.
Interviendront enfin les équipes chargées du son, de la lumière et des vidéos. 55 semi-remorques auront apporté tout le matériel nécessaire.
« Jazz in Marciac a fait le choix d’affréter en direct par souci écologique
explique Jean-Charles Tachousin. Un camion peut partir de Paris et compléter sa cargaison à Bordeaux, par exemple, pour qu’il soit complet en arrivant.
400 panneaux absorbants
L’ensemble du travail prend environ trois semaines. On commence vers le 8 juillet et l’on termine… la veille ou le matin même. Cela n’effraie guère Jean-Charles Tachousin qui cumule vingt années d’expérience. Impossible cependant de parler de routine puisqu’on veut chaque fois faire mieux.
Il y a cinq ans, par exemple, la pose de 400 panneaux absorbants a permis de gagner 4 secondes sur la reverb. « Sur le plan acoustique, se réjouit Jean-Charles Tachousin, nous sommes passés de la cathédrale à la salle de concert ! »
Ce combat pour la perfection se double parfois d’un combat contre les éléments : « La météo représente le facteur X. Monter le chapiteau sous la pluie, c’est un cauchemar ! ». Les concerts eux-mêmes peuvent également pâtir d’un orage trop fort ou de vents trop violents, mais la présence en coulisses d’un membre de Météo-France permet d’anticiper l’éventuelle évacuation, voire de l’éviter. Grâce à lui, on peut maintenir l’évènement alors que la région est en vigilance orange : il serait dommage de frustrer le public de Marciac si l’orage fait des siennes du côté d’Eauze…
Et quand, le festival terminé, les spectateurs sont rentrés chez eux, il faut alors tout démonter. Faire et défaire, c’est toujours travailler, mais on peut se consoler : le démontage prend deux fois moins de temps.
Anne Péméja