Le Journal
de Jazz in Marciac
Marciac 2014
Foisonnante. C’est le terme qui vient d’abord à l’esprit pour qualifier cette trente-septième édition de Jazz in Marciac. Laquelle a surpassé à tous égards ses devancières. Une durée de quelque vingt-et-un jours, du vingt-huit juillet au dix-sept août, avec seize soirées sous le grand chapiteau, quinze à L'Astrada, sans compter, en journée, le festival Bis et ses scènes éclatées, la Place de l’Hôtel-de- Ville, le Lac, la Péniche. Encore faudrait-il ajouter, pour donner une idée plus juste de l’ampleur de la manifestation, que L’Astrada abritait cette année des concerts en deux parties, ce qui multipliait encore le nombre des musiciens et des groupes programmés. Exceptionnelle aussi, la fréquentation, en progression constante. Sur le plan artistique, une programmation très largement ouverte, propre à satisfaire les goûts les plus divers. Ainsi, particulièrement vaste était, cette année, le champ balayé, tant sous le chapiteau qu’à L'Astrada. Pour s’en tenir à la scène principale, du jazz, décliné sous ses multiples aspects par des musiciens de renommée internationale, stars ayant déjà connus ici le succès, sinon le triomphe. Parmi ces habitués offrant une manière de rétrospective, des duos, ceux de Herbie Hancock et Wayne Shorter, de Chick Corea et Stanley Clarke, ou encore l’association de Kenny Barron et du vibraphoniste Stefon Harris, artisans d’un moment de grâce devant une assistance subjuguée. Semblable qualité d’écoute pour le trio d’Ahmad Jamal, pour Kenny Garrett et pour Daniel Humair, de retour en compagnie de jeunes partenaires, Emile Parisien et Vincent Peirani. Le même soir, Didier Lockwood déroulait le riche parcours de sa carrière, avec le concours des élèves du conservatoire de Toulouse dirigés par Jean-Pierre Peyrebelle. Côté jazz vocal, des habituées, Dee Dee Bridgewater, Stacey Kent, Youn Sun Nah, Virginie Teychené, et une nouvelle étoile brillant depuis peu au firmament du jazz, Cécile McLorin Salvant. L’extraordinaire pianiste et chanteur Jamie Cullum participe aussi à ces retrouvailles. Sans omettre le puissant baryton Gregory Porter et la pianiste Eliane Elias, à la tête d’un excellent groupe hard bop où s’illustre le saxophoniste Rick Margitza. On n’aura garde d’oublier Wynton Marsalis, qui réédite son duo avec l’accordéoniste Richard Galliano avant de donner, en sextette, des extraits de la Marciac Suite. Ou encore Evan Christopher et son incursion bien venue dans l’univers louisianais. Nostalgie d’une autre nature, celle du jazz rock qu’entretient Spyro Gyra, un groupe qui a traversé allègrement les décennies. Pour ce qui est des entours, une large place était faite à la musique cubaine avec, notamment, Omar Sosa, le Buena Vista Social Club, Maraca, Roberto Fonseca qui propose, avec Fatoumata Diawara, une improbable fusion avec l’Afrique, au blues contemporain avec Lucky Peterson, au reggae avec Monty Alexander et Jimmy Cliff, aux musiques du monde avec Tigran Hamasyan, Ibrahim Maalouf et Avishai Cohen, à la variété matinée de jazz manouche avec Thomas Dutronc et Biréli Lagrène. Pour être exhaustif, le rock pur et dur de Joe Satriani et la relecture de Miles Davis, période espagnole, par Nicholas Payton. Un large éclec-tisme revendiqué. De quoi combler toutes les attentes !
© Arkade, Marciac.