Le Journal
de Jazz in Marciac
Pharoah Sanders {𝟭𝟵𝟰𝟬 † 𝟮𝟬𝟮𝟮}
Saxophoniste, compositeur et chef d’orchestre, Pharoah Sanders, né à Little Rock (Arkansas) en 1940, a débuté au ténor dans l’orchestre de son lycée avant de jouer, à San Francisco, dans des groupes de rhythm and blues. Intéressé par le jazz d’avantgarde à l’écoute de Sonny Rollins, Ornette Coleman et Eric Dolphy, il s’installe à New York en 1962 et joue beaucoup avec John Coltrane jusqu’à la mort de celui-ci, en 1967. Il va ensuite prolonger la musique de celui qu’il s’est choisi pour maître en s’adonnant lui aussi au spiritualisme et au mysticisme avant d’aborder, en 1977, le jazz-rock et la musique disco. A partir de 1982, il revient à une inspiration beaucoup plus marquée par le bebop et se produit le plus souvent en quartette. Son souci de l’universel se traduit dans son style : soucieux d’exploiter jusqu’au paroxysme toutes les ressources de son instrument, il en explore tous les registres, du plus grave au suraigu, et affectionne les improvisations échevelées autour d’un thème qu’il exploite et triture de toutes les façons possibles.
Disciple proclamé et héritier spirituel de John Coltrane, Pharoah Sanders à Marciac en 2004 rend hommage à son maître avec "Lazy Bird", "Giant Step" et "Mr P.C.", mais revisite volontiers les standards comme "Body And Soul" dont il donne une version particulièrement originale. Son jeu de ténor imprégné de blues, séduit d’autant mieux que le trio de ses accompagnateurs se montre stimulant, à l’image de l’excellent batteur Joe Farnsworth. William Henderson au piano et Nat Reeves à la contrebasse ne sont pas en reste, loin de là... Ceux qui attendaient un musicien iconoclaste auront eu la surprise de découvrir un digne héritier ancré dans la grande tradition du Jazz. En témoigne sa composition intitulée sobrement "Blues", ou celle qu’il propose en rappel et dont le titre, "The Creator Has A Master Plan", évoque le "Love Supreme" coltranien.
📸 Marciac, 2004 © Francis Vernhet