2024
S'il est un artiste qui a fait son chemin sans tapage tout en laissant une trace musicale bruissante de belles notes, c'est bien Charles Lloyd. Dans le sillage doux-amer de son saxophone, cachées derrière les volutes de sa flûte, c'est une somme d'histoires qui, une fois mises bout-à-bout, dressent un bilan de la modernité en jazz... et au-delà. Entre la tradition du swing, les prolongements du bebop et l'avant-garde incarnée par les musiciens du free jazz, il a pu tracer une voie singulière, faite de liberté et de poésie. Tout ce qu'il joue semble touché par une sorte de grâce, un lyrisme mélancolique qui peut s'apparenter à ce chant poétique que John Coltrane délivrait sur ses ballades. Aujourd'hui bardé d'honneurs, il fait figure de sage que l'on écoute et dont on recherche le compagnonnage. Le groupe qu'il présentera ce soir est la décoction d'une carrière pleine, sans concessions, vouée au culte d'une déesse incarnant une humanité bienveillante, exigeante mais partageuse : la musique de jazz. Beauté des phrases, dialogue respectueux avec ses partenaires, Charles Lloyd a transporté le chapiteau de Marciac dans une autre dimension qui relève de l‘intime. Au-delà des styles et des frontières culturelles, ce fut un grand moment de recueillement, comme une brise salutaire propre à apaiser les esprits dans une longue séquence contemplative. Le public qui le suit dans ses errances est sensible à un discours dont le lyrisme tire sa cohérence d’une constante dialectique entre la force et la fragilité. Lloyd alterne les instruments, ténor, maracas et flûte. Il vit intensément sa musique, yeux clos, torse agité d’un éternel balancement. Son inspiration est toujours intarissable, même si l’énergie s’est quelque peu apaisée. Il reste un mélodiste subtil, capable de puiser à des sources très diverses.
- Charles LLoyd (saxophone, flute) Jakob Bro (guitare) Larry Grenadier (contrebasse) Eric Harland (batterie)
- charleslloyd.com